La crise du Covid 2019 au printemps 2020 : un accélérateur de reconfiguration ?
Face aux difficultés d’écoulement pour les producteurs d’un côté, au souhait de soutenir les agriculteurs locaux et de trouver des alternatives aux lieux d’approvisionnement fermés brutalement comme les marchés de plein vent de l’autre, de multiples initiatives ont émergé à partir de mi mars 2020, lancées par des agriculteurs, des citoyens, des acteurs du développement agricoles : opérations de « déballage » de produits locaux, mise en lien direct des producteurs et des consommateurs au travers de cartes en lignes, drives fermiers, réorientation partielle des pratiques de la grande distribution etc. (voir le repérage réalisé par le bureau d’études Terro/Terralim). Des ménages jusqu’alors peu tournés vers les circuits courts adoptent de nouveaux modes d’approvisionnement, grâce aux outils mis en place via les réseaux sociaux (exemple de la carte en ligne réalisée par la chambre d’agriculture) ou aux contacts de leur entourage.
La question qui se pose pour l’avenir est celle de la pérennisation d’une part de ces initiatives – parfois chronophages pour les producteurs - d’autre part des changements de pratiques qu’elles ont entrainé notamment du côté de la grande distribution et des consommateurs locaux. Du côté des ménages relativement aisés, certains consommateurs ont privilégié les magasins de producteurs, lieux apparaissant plus maitrisables au plan des gestes barrière, et plus rassurants, sur les grandes surfaces. Certains, en télétravail, ont pu consacrer plus de temps à leur approvisionnement alimentaire. Mais qu’en est-il de l’impact de la crise sanitaire sur les ménages plus défavorisés ? La question de la fragilisation de certaines structures agricoles et agro-alimentaires est aussi une question clé.
A plus long terme, et eu égard aux fortes corrélations établies entre la sensibilité au virus et l’obésité, une réaffirmation de l’entrée « santé » dans les démarches d’éducation alimentaire et dans les normes de la restauration collective est assez probable, comme peut-être dans celles touchant à la commercialisation et la publicité sur les produits ultra-transformés, trop gras et trop sucrés, même si cela peut sembler moins probable du fait de l’inertie des rapports de force dans le secteur agro-alimentaire.